Enfin presque

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Presquipice

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lundi 21 juillet 2014

Un nom que tu me donnais



Petite fleur


Le temps passé tu sais
A fait ce qu'il fallait
Je pense à toi tranquille parfait
Le temps passé bien sûr
A calmé la blessure
La peine qui dure
Et je le sens
Je déborde bien de sentiments
De projets de joie, de cris, de chants
Pourtant tu me manques encore

Mon chagrin s'est fait doux
Je porte autour du cou
Ton souvenir comme un bijou
Mon chagrin s'est fait rare
Il revient certains soirs
Sans faire d'histoires
Et je le sens
Je suis traversée de sentiments
D'amour et d'amis, d'un tas de gens
Pourtant tu me manques encore

Quand j’entends par hasard
Petite fleur ou [Wish you were here]
Quand le dimanche soir
Me revient l'angoisse première
Quand ma tête est bizarre
Quand soudain je compte les jours
Oh tu me manques toujours

Mais les années tu sais
Ont fait ce qu'il fallait
Je pense à toi tranquille parfait
Mais les années sans toi
Sont passées malgré moi
Vite sous mes doigts
Et je le sens
Je suis étourdie de sentiments
Lorsque je me dis tout doucement
Combien tu me manques encore


Jeanne Cherhal, toujours et encore...


La petite fleur de Jeanne

Celle de Sidney

vendredi 25 avril 2014

Bordée de larmes

Si j'écris, je pleure, si je parle, je pleure.


Dépression saisonnière, la déprime comme une cinquième saison, une deuxième maison, un quatrième prénom...

Me rappeler que la fatigue est cause de (presque) tous mes maux.


Remis le cerveau en marche, après des mois à ne penser que logistique / bébé, logistique / déménager, logistique / de boulot changer... à ne pas penser mais à agir.

Remis le cerveau en marche, mais pas en ordre de. Confusion intime.


Alors doutes, alors manque d'énergie puis manque d'envie, alors me perdre dans mes rêves plutôt que dans mes pensées.


Je ne refuserais même pas les petites pilules blanches et orange.


Amis si proches, si loin. Ils remplissent mes rêves mais je ne suis là pour personne. Perdue dans mon égoïsme, j'essaye de penser à moi mais. "Je n'écoute que moi qui ne veux que mon bien / Mais je parle si bas que finalement je n'entends rien"*

 

 

* Jeanne Cherhal ("Voilà")

mercredi 12 mars 2014

Parent live

Cris. Pleurs. Portes qui claquent. Jambes et appétit coupés.
L'enfant fait une crise, il ne veut pas manger. La mère pense à ce qu'elle a lu, que ça reflète souvent un problème relationnel. La mère réfléchit à ce que ça peut être mais il faut agir, aussi. Le père croit que c'est un caprice, une crise, bref, quelque chose d'inadmissible qu'il ne laissera pas passer. Pas question que l'enfant s'habitue à nous faire tourner en bourrique. La mère veut juste que l'enfant se calme sinon il continuera à vomir tout ce que le père lui force presque à avaler.

Cris. Pleurs. Portes qui claquent. Jambes et appétit coupés.
L'enfant fait une crise et ses parents sont trop énervés pour discuter de la méthode à appliquer. Le père croit que la mère lui reproche d'être violent. Il pense qu'elle a le beau rôle, toujours douce, toujours conciliante, trop bonne trop conne, oui.


Cris. Pleurs. Portes qui claquent. Jambes et appétit coupés.
L'enfant fait une crise, le père ne supporte pas et le lui fait comprendre. La mère essaye une autre méthode, plus douce. Père contrarié. Père part. Mère reste, souffle, respire, souffle, respire, reste calme, oui c'est injuste, oui tu prends tout le temps sur toi mais c'est la vie, tu es maman maintenant. Elle a dit "j'ai mal aux dents tout le temps depuis que je suis mère. Parce que je les serre". ​

Cris. Pleurs. Portes qui claquent. Jambes et appétit coupés.
La mère a couché l'enfant. Il dort. Père et mère ne se parlent pas de ce qui s'est passé. Mais ils se parlent et ça reste doux entre eux. Et puis le père craque. La mère est épuisée, elle l'était déjà avant la crise. Elle veut juste dormir. Se sent un peu injuste et puis se dit merde parfois, ce serait bien que ce soit à son tour de comprendre, de prendre sur lui.

Soupir. Yeux qui piquent. Portes qui se ferment. Sommeil réparateur.

lundi 7 mai 2012

La victoire en pensant...

à toi, décidément.

Depuis quelques temps, les joies sont teintées de tristesse. Je les partage avec mon amoureux, mais...

Tu manques à ces joies.

J'ai fait plein de photos, hier. Derrière l'objectif je peux un peu te ramener, t'imaginer là.

Gueule de bois, no doubt, mais depuis que la politique a repris autant de place dans ma vie, ton absence se fait cruelle.

Hier ils ont été 2 à me serrer très fort, on s'est dit "on l'aura attendue, celle-là" ! Et je sais qu'ils pensaient à toi, eux aussi. Toi qui avais pleuré avec eux en 1995. Toi qui voulais tellement voir gagner la Gauche que tu faisais tout pour.

Je te dédie cette victoire.

Et je ravale mes larmes à ta santé.

vendredi 9 septembre 2011

Forte (comme) mes fesses

"La Bouseuse" et moi avons vécu un peu la même histoire... et avec ce texte, elle m'a donné à réfléchir...

Texte brut.
 

De ceux qui ne veulent pas nous voir (heureuses ou pas)
« Le souvenir de J. sera trop présent, je ne suis pas aussi forte que toi », lui disent des invités à son mariage...
Moi ce fut plutôt "Ça fait bizarre de te voir..." et aucune nouvelle de ses meilleurs amis. Je sais très bien qu'ils ne peuvent pas, que c'est trop dur de me voir, parce que je leur rappelle ce qu'ils essayent d'oublier. Mon ex. Sa mort.

Un suicide remet tous les proches en question. Regrets, incompréhension, culpabilité...

Ma tante préférée m'a dit un jour après m'avoir lue qu'elle regrettait de ne pas avoir été là pour moi à ce moment-là. Elle ne fait pas partie de ceux que j'estime ne pas avoir été là.

Je comprends ses amis. Je comprends. Mais je n'accepte pas. En vrai, je suis très en colère contre eux. Je connais le processus, je l'ai pratiqué aussi face à ma belle belle-maman. Sa douleur ne s'effacera jamais. Et pendant un temps, dès que je voyais son visage, j'avais envie de pleurer. Alors quand ma vie se tourne davantage vers le présent et le futur que vers le passé, j’évite un peu de la voir.

Alors oui, je comprends. Mais n’empêche, ça fait mal. Pas pour le soutien, parce que j’en ai eu tant qu’il le fallait, mais plutôt pour l’évocation du passé, les souvenirs en commun. Parler du Mari sur le ton de l’anecdote est très important pour moi. Ça fait du bien. Et ce n’est pas si fréquent. Parce que si mes amis l’ont connu, les siens l’ont mieux connu. Par leur peur, ils nous privent eux et moi de sourires et de rires. Ses amiEs le font avec moi, et je leur en sais gré.

 

De notre "force"
On me le disait déjà quand je vivais avec lui, maniaco-dépressif : comme tu es forte, je ne sais pas comment tu fais. Je donnais alors l'image suivante : tu vois quelqu'un se noyer devant toi, tu plonges. Point.

Après sa mort, on m'a dit "Tu es forte, tu vas surmonter ça". C'était vrai, bien sûr, mais sur le coup, j'avais juste envie de hurler "là je ne suis pas forte du tout !!! Et je ne suis pas sûre d'y arriver..."

Ce n'est pas de la force. À partir du moment tu exclues le suicide, c'est simple : tu n'as pas le choix.

On vit avec, on survit, on vit sans, on vit malgré.

Je suis forte, mais j'ai dû en passer par la dépression, par toutes les étapes classiques du deuil, en fait.

Oui, oui, je suis forte. Je suis une « dure au mal », une Wonder Woman, une résistante.
Je suis surtout forte pour me blinder, me construire une forteresse, pour occulter, pour que ça me revienne à la gueule sous forme d’anti-antidépresseurs, anxiolytiques ou d’opération chirurgicale... Oui je suis forte.

La forteresse est en plastique, gonflée aux larmes, et elle fuit régulièrement maintenant. Et en vrai, je la préfère dégonflée…

 

"Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière."
Fêlée, je le suis depuis longtemps. Sauf qu'il y a longtemps, c'était seulement le côté rigolo. Depuis 4 ans, je suis fêlée pas rigolo aussi.

Mais fêlée rigolote, je le suis d'autant plus, aussi. Oh que oui la lumière passe. Tout est meilleur. Non, tout est plus fort. Joies ET peines. Adolescente, je disais que les Indiens m'auraient appelée "Larmes faciles".

Xave, la Bouseuse et Lédésor en parlent assez bien pour que je ne m'étende pas.

 

Nous sommes des résilients. Remis debout. Des revenus. (Mon amoureux en est un pur et doux, d’ailleurs).
On se comprend, souvent on se reconnaît, et ça fait du bien, ça aide. On se comprend, on se console. Mais on est toujours tout seul au monde, oui.
Seul avec ce chagrin incommensurable, les montées d'angoisse n'importe quand, n'importe où. Seul comme un enfant qui a peur du noir.

Seule aux dates d’anniversaire que lui seul avec moi commémorait. Dont personne ne se rappelle aujourd’hui.

 

De ce(ux) qui reste(nt)
J'en porte des cicatrices, des marques, des maux, parce que si ma douleur fut intérieure, ça s'est vu à l'extérieur.

Aujourd'hui, elle ne se voit plus. Les amis de mon ex seraient rassurés en me voyant : on s'en remet. Aujourd'hui, je parais équilibrée, et je pense l'être. J'ai tout. Un travail épanouissant et motivant, des activités épanouissantes et motivantes, des amis épanouissants et motivants, un amoureux épanouissant et motivant...

C’était mon identité, ça ne l’est plus. Je ne revendique pas cette… ce… drame, disons. Je ne me vante pas de m’en être remise (si, si, je vous jure, il y en a des qui aiment clamer leur passé difficile), non plus. Je me demande plutôt comment faire enlever la mention "veuve" de ma feuille d'impôt et si ça apparaîtra sur une nouvelle carte d'identité, histoire que quiconque la regardera soit au courant de ce que j'ai de plus intime...

Je vis après.

 

*****

 

Voilà, ç’aura été plus long que prévu… Désolée pour tous les liens...

En conclusion, le passage d’un livre que j’ai déjà cité, mais m’en fous, d’abord :

« Je ne savais pas qu’on pouvait vivre, travailler, plaisanter et être malade de douleur. J’ignorais que l’être disparu vous permettait d’exister au travers de son absence. Je ne savais pas que la mort avait cette générosité-là, cette grandeur d’âme. Je ne savais pas que la place du mort était mouvante, qu’elle épousait les contours, qu’elle était parfois étouffante, parfois si discrète qu’elle en devenait inquiétante. (…)

J’ignorais qu’on pouvait être à la fois détruit et concentré sur son travail, effondré et souriant, triste et disponible, nostalgique et amoureux. Et toi non plus, tu n’en as pas idée. C’est facile de jeter cette phrase, de dire que je l’ai oublié. C’est facile de se contenter de ce que l’on voit. Il continue de bouger, comme un cœur qui bat. Il est là, imprévisible, mais toujours en mouvement. Docile ou fulgurant. Assoupi ou insolent. Il m’habite désormais, sans me faire sombrer. Je le porte comme un enfant. »

Brigitte Giraud, in L’amour est très surestimé.

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