Ils pourraient se coucher sans savoir, se toucher sans prévoir.

je ne vois qu'eux deux
Et je les sais qui parlent
Je crois qu'ils sont en train
De ne rien se promettre

Puis ils pourraient se câliner gentiment, emplis de manque de sommeil et de tendresse.

Mais ces deux déchirés
Superbes de chagrin
Abandonnent aux chiens
L'exploit de les juger

On imaginerait une douceur intense, plus essentielle que le désir.

Tout encastrés qu'ils sont
Ils n'entendent plus rien
Que les sanglots de l'autre

Ses mains glisseraient sur son visage d’abord, sur son corps éveillé ensuite.

Et puis
Et puis infiniment
Comme deux corps qui prient Infiniment, lentement

Ils pourraient se serrer fort, se raccrocheraient l’un à l’autre, au sens propre maintenant.

Ces deux corps se séparent
Et en se séparant
Ces deux corps se déchirent
Et je vous jure qu'ils crient
Et puis, ils se reprennent
Redeviennent un seul
Redeviennent le feu

Ils se feraient amour, amours perdues et celles à venir.

La vie ne fait pas de cadeau
Et nom de Dieu c'est triste


*****


Autrefois, ils auraient failli s’aimer autrement.

Elle tourne sur elle-même
Et déjà elle sait
Qu'elle tournera toujours
Elle a perdu des hommes
Mais là, elle perd l'amour
L'amour le lui a dit
Revoilà l'inutile
Elle vivra de projets
Qui ne feront qu'attendre
La revoilà fragile
Avant que d'être à vendre


Bande originale du film : Brel - Orly