Il dit avoir compris. L’histoire des papillons dans le ventre, surtout. Ensemble, l’herbe, le septième ciel, mais pas de papillons. Il me dit qu’un nœud à l’estomac a remplacé ceux qu’il avait. Il dit « même pas un battement d’ailes ? » Il dit que tant que je n’en ai pour personne, on pourrait rester amants. Mais il sait que j’en ai (eu) pour son meilleur pote.

Il a compris mais il s’agit d’accepter. Il pense encore pouvoir me rendre amoureuse de lui. Et Shakespeare (le meilleur pote en question, NDLR) de me dire que ça va l’exciter encore plus. Je suis son inaccessible…

J’ai mal pour lui. Mal de le perdre, aussi.
Quand je romps, c’est d’hommes amoureux de moi. Great. 



Il était mon meilleur amant…



Elle disait que tout était sa faute maintenant et qu’elle ne savait pas aimer, qu’elle le comprenait désormais, qu’au fond elle était sans doute faite pour la vie un peu vide dans laquelle elle s’était laissée glisser, une vie seule dans la compagnie d’un homme qu’elle voyait seulement quand elle en avait envie, qu’elle pouvait mettre à la porte à sa guise car il était bien convenu entre eux qu’il n’y aurait jamais d’existence commune. Elle disait encore que l’excitait peut-être l’idée de coucher, plutôt qu’avec moi, avec quelqu’un de visiblement si peu fait pour elle, quelqu’un auquel elle s’était sans doute attachée par la force des choses et de l’habitude mais dont la jouissance qu’elle en tirait venait précisément du fait que cette jouissance ne menait à rien de sensé, qu’elle était juste pour elle un moyen léger de se perdre. Et que se perdre elle-même, laisser tout se perdre avec elle, s’abandonner à l’insignifiance d’une histoire où l’avenir n’était pas impliqué, au point de confusion où elle en était arrivée à cause de moi, était tout ce qu’elle pouvait encore désirer.


Philippe Forest, Le Nouvel Amour